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à voir

FAUVES 2023

Aventures artistiques et créations émergentes

Théâtre • Danse • Performances • Arts visuels • Surprise party

FAUVES est le festival de la très jeune scène de Nantes, de Belgique et d’ailleurs : premiers spectacles, formes hybrides, tentatives artistiques et créations inédites composent un festival aventureux et joyeux. Un tremplin d’expérimentations, une invitation à la découverte, à la curiosité et à l’audace en compagnie d’une nouvelle génération d’artistes prête à en découdre et à faire surgir d’autres possibles.

FAUVES est proposé par le TU, avec le Crous de Nantes Pays de la Loire. En part. avec Musique et Danse en Loire-Atlantique, Bain Public - St-Nazaire et Nantes Université.

MER PLASTIQUE

Tidiani N’Diaye

Le plastique est une matière invasive. Au Mali, il redessine les contours des rivières, se répand partout, crée des monts artificiels sur lesquels les enfants jouent. Il finit bien souvent brûlé dans des vapeurs toxiques qui infiltrent les poumons des gamins et des personnes qui explorent les décharges en quête de ressources de fortune. Véritable paysage artificiel et symbole de la mondialisation prédatrice, la matière plastique colonise les terres et les corps. Jusqu’à contaminer la danse du chorégraphe Tidiani N’Diaye, qui s’en empare pour la montrer, jusqu’à l’excès, parfois jusqu’à la sublimer. Sa pièce pour cinq danseur·ses fait du plastique une matière mouvante et inquiétante, à même de transformer les êtres alentour. Le mouvement imprévisible du sac dans le vent, cette image récurrente où le plastique est maître de l’espace, Tidiani N’Diaye l’incorpore à sa danse. Ce chaos et cette liberté se confrontent aux danseur·ses qui cohabitent avec force et courage avec cet étrange ballet chimique. 

LEÇONS DE TÉNÈBRES

Betty Tchomanga

Dans Leçons de Ténèbres, quatre corps se font les porte-voix de récits oubliés ou que l’on a voulu faire disparaître. Ils sont chevauché s par des forces qui les relient, agitent leurs poitrines. Elles se gonflent et se dé gonflent, donnent des coups, sont traversé es par des impacts.


Ces personnes creusent, corps penchés, courbés, jusqu’à déterrer l’invisible. Elles se transforment et se métamorphosent parfois jusqu’à disparaître. Tour à tour, elles défient, témoignent, assistent, protègent, soutiennent et font apparaître des visions. Elles ont des peurs à partager, des images à brouiller, des masques à assembler,
des feux à convoquer...
Les Leçons de Ténèbres sont originellement un genre musical liturgique du XVIIème siècle qui met en musique Les Lamentations de Jérémie sur la destruction de Jérusalem. C’est également le titre d’un film réalisé par Werner Herzog en 1992 sur la mise à feu de 732 puits de pétrole par les forces irakiennes qui se retirent du Koweit. Le réalisateur y met en scène une vision d’ apocalypse comme un long poème sur la fin de la Terre.
Les Leçons de Ténèbres de Betty Tchomanga pleurent elles aussi des destructions du monde et de la Terre. Elles parlent des ténèbres et depuis les ténèbres, pour explorer l’obscur, nos histoires cachées et enfouies. 

NARCISSE

Aline Landreau

Narcisse vient réouvrir le grand livre du mythe du même nom et les questionnements existentiels sur l’identité, qui nous irriguent dès l’enfance, en naviguant entre familiarité et étrangeté.

Narcisse est une quête. Une quête de l’autre et une quête de soi-même. Ce duo chorégraphique raconte une mue, ce moment où il devient nécessaire de quitter l'enfance pour grandir et occuper sa place dans la société. Le Narcisse d’Aline Landreau n’est pas un être figé dans sa contemplation mais un être agissant en proie à son désir d’appréhension et de compréhension du monde, de l’altérité. Ses sens sont en éveil et il perçoit la vie avec tout son relief, ses identités mouvantes et subtiles, dans sa dimension collective. Il chemine, construit son nouveau monde, modifie sa perception, accède à de nouvelles dimensions. Un spectacle à voir en famille ! 

"Tout ce que l’on dit sur Narcisse est faux. Narcisse n’est pas égoïste. Il n’est pas amoureux de lui-même. Il est l’exemple de ce qu’est un être responsable. Un être adulte. Un acquiescement à la vie."
Fabrice Midal, Narcisse n'est pas égoïste 2019

 

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LIFE INSURANCES

Léa Rault & Alina Bilokon - Pilot Fishes

Une exploration de l'incroyable inventivité et du  potentiel comique de l'être humain pour combattre nos angoisses face à la mort. Une ode à la joie et à l'amitié.

De l'enfance jusqu'à la mort, Life insurances traverse chaque étape d'une vie, avec ses accidents et ses joies.  Le duo de chorégraphes Léa Rault et Alina Bilokon - amies à la vie, à la mort - dansent et chantent leurs vies intimes, leur roman d'amitié, leurs vies de performeuses et d'artistes, leurs existences légères. Alors que sur scène les accidents s'enchaînent, les éléments se déchaînent, rien ne semble pouvoir arrêter la danse. Mais malgré toutes les stratégies que le duo met en place pour anticiper et lutter contre la fin à venir, le pire est toujours au-dessus de nos estimations...

Comment gérer les éléments qui se jouent d'elles, qui se jouent avec elles ? Vont-elles s'en sortir vivantes ? Alors que tout s'effondre, the show must go on ?

 

 

Alina BILOKON, chorégraphe, interprète
Alina Bilokon commence son éducation artistique en 1992 à l’école des Arts Chorégraphiques « Sonechko » en Ukraine. En 2005, elle part au Portugal et continue sa formation en danse à travers différents stages et séminaires. En 2010, elle termine une Licence à l’école Supérieure de Danse de Lisbonne et intègre la formation PEPCC – Forum Dança. Alina Bilokon travaille comme interprète avec Ana Borralho et João Galante, Mariana Tengner Barros, Miguel Pereira, Loïc Touzé, Paula Rosolen et Boris Charmatz.

Léa RAULT, chorégraphe, interprète
Léa Rault se forme à la danse dans une école Irène Popard, puis au Conservatoire de Danse Contemporaine de Rennes, en parallèle de ses études de Lettres Modernes et Sciences du Langage à l’Université Rennes 2. De 2010 à 2012, elle suit la formation PEPCC de Forum Dança à Lisbonne. En lien avec ses projets de création, Léa Rault intervient régulièrement auprès de différents publics pour mener des ateliers de pratiques chorégraphiques et des projets de création avec des danseur.se.s non-professionnel.le.s. Son parcours est jalonné de multiples collaborations avec différent.e.s artistes et structures. Elle travaille comme interprète pour Christine Le Berre, Cédric Cherdel et Catherine Le Grand pour la reprise de So Schnell de Dominique Bagouet. En 2021, Léa Rault commence une résidence de recherche à L'L à Bruxelles.

BOCAS DE ORO

Marcela Santander Corvalàn - Cie Mano Azul

Quelles fictions nous sauveraient de la fin du monde ?

Il y a ce mythe pré-inca de pierres puissantes, détentrices du secret pour le salut de l’humanité : celles de la porte millénaire du soleil. Puis, il y a ce son lancinant de percussion de de pierres frappées, de pierres obstinées, que Marcela Santander Corvalan a croisé dans une manifestation dans son pays natal, au Chili. Et au milieu de ces deux histoires de pierres agissantes, de pierres infatigables, il y a quatre corps de danseurs qui se lancent à l’assaut de ce secret de vie, conjurer l’oppression, résister et magnifier la fragilité. Les pierres murmurent, une nouvelle topographie s’impose et un contre-récit s’écrit. La résistance aux normes, la reconnaissance de nos fragilités seraient-elles alors des antidotes pour lutter contre notre perte ?

"Nous avons l’obligation absolue de devenir capables, de nous rendre mutuellement capables de changer les récits, comment rendre les histoires faibles plus fortes et des histoires fortes plus faible ?"
Donna Haraway, philosophe, primatologue et féministe, in Story telling for earthly survival, documentaire de Fabrizio Terranova, 2016.

 

TATIANA

Julien Andujar - VLAM Productions

Tatiana est une fiction autobiographique : le 24 septembre 1995, Tatiana, âgée alors de 17 ans, disparaît pour ne jamais revenir ni être retrouvée. Aujourd’hui, Julien, danseur et chorégraphe, entreprend de dresser le portrait multiple de sa sœur disparue en endossant les multiples personnages qui entourent ce drame, tour à tour le gendarme, la journaliste, la voyante, l’avocat, la meilleure amie, le père, la mère, les frères. Julien est aussi son petit frère, fan du prénom de sa sœur, un prénom doux, exotique, plein de A et de T, qui braque l’imaginaire directement vers l’Espagne. Ce prénom qui va s’étaler dans les journaux, à travers le monde, et incarner les disparues de la gare de Perpignan. Tatiana est devenue un fait-divers. Julien Andujar lui rend toute sa présence sur un plateau aux couleurs vives, avec un spectacle jamais figé. Son corps mue au gré des personnages qu’il incarne, sa voix change de timbre, sa peau s’adapte, le spectacle est en transition permanente. Seul en scène, il ne s’enferme pas dans une écriture trop introspective, travaillant et adaptant sans cesse pour brandir un spectacle résolument vivant. 

« La formulation même “J’ai vu Tatiana”, en faisant référence à la pièce TATIANA, convoque la mémoire de ma sœur, sa présence. On fait appel à un corps que l’on n’a pas vu mais que l'on a projeté. Un acte psycho-magique ou un renversement du monde par l'art. »
Julien Andujar

 

HOME (morceaux de nature en ruine)

Magrit Coulon - Cie Nature II

Home, c'est une maison de retraite en Belgique. Home est une plongée drôle, brillante et hautement réjouissante dans ces vies qui comptent. 

Une journée ordinaire dans la pièce commune d’une maison de retraite. Une table, quelques chaises, une plante verte, une horloge, un fauteuil, une radio, l’ameublement est sommaire. On attend. Une visite. Le goûter. Un appel. Trois jeunes comédien.ne.s belges prêtent leurs corps aux voix de nonagénaires avec la mécanique de corps étrangement âgés et courbés, leurs silences pesants, et leurs souvenirs fébriles. A partir d’une solide matière documentaire nourrie de rencontres, de dialogues et observation de la vie quotidienne d’une maison de retraite, la metteuse en scène Magrit Coulon signe une chorégraphie poétique sans concession sur la vieillesse contemporaine. Ces vieux qui ont vécu mille vies avant d’être réduites à si peu, pourquoi ne les cache-t-on dans des hospices ? Pourquoi la vieillesse n’est pas regardée ? D’un tableau à l’autre, la rythmique de leur quotidien en huis clos, les souvenirs et les espérances, transforment le « mouroir » en un carrousel de vies et de fantasmes.

« Tableau saisissant jusque-là, dans son mutisme placide, Home bifurque – sans rien céder de sa minutie dans l’interprétation – pour englober des paroles de résidents. [...] À l’écoute de l’ordinaire et de l’étrange, ils y plongent avec autant de respect que d’irrévérence fantasque, et sans l’ombre d’une moquerie. Un travail d’ombre et de lumière, d’humour et d’humilité, d’engagement et de nuance, qui fait entendre jusqu’aux disparités sociales de leurs interlocuteurs. Une vraie, une grande, une importante découverte. »
- Marie Baudet, La Libre Belgique - 06/03/20

Qui es-TU Betty Tchomanga ?

Portrait d'un premier spectacle

Pour moi, la danse est liée au plaisir. Elle est reliée au changement d’état, à la transformation. Devenir autre. 

Au cours de la conversation, Betty Tchomanga lâchera cela comme ça. Comme si de rien n’était. Tranquille. « J’étais une bonne élève. J’ai fait un lycée général option scientifique. C’est après le Bac que j’ai bifurqué. J’étais inscrite en classe prépa et à la fois, je passais une audition au Centre national de danse contemporaine d’Angers. Tout avait marché. J’étais prise à Henry IV… »  Ah voilà, Betty Tchomanga n’était pas « une bonne élève», mais plutôt une jeune fille brillante. On n’entre pas dans une des meilleures classes préparatoires de France uniquement parce que l’on a vu de la lumière.
Malgré tout, celle qui a grandi dans un petit village du sud de la Charente-Maritime prendra la direction d’Angers et du CNCD, place forte de la danse contemporaine. « Le CNDC, c’était un peu un rêve. Je l’ai tenté sans trop y croire. Là-bas, je découvre un monde. Je vois des spectacles. Je rencontre des artistes. J’apprends l’histoire de la danse. Et tout cela stimule encore plus mon désir de danser ». Et aujourd’hui, qu’est-ce que la chorégraphe entend par danse ? Elle réfléchit longuement. On hésite à passer à autre chose. Et puis non… « Pour moi, elle est liée au plaisir. Elle est reliée au changement d’état, à la transformation. Devenir autre ». Et pour Mascarades, Betty Tchomanga devient – façon de parler – Mami Wata, « déesse des eaux, divinité associée au pouvoir, à la sexualité. « J’en avais entendu parler lors d’un voyage au Cameroun. J’étais intriguée par cette figure de sirène, mi-femme, mi-poisson. Lors d’un projet de mémoire, j’ai découvert les livrets de ballets écrits par Louis-Ferdinand Céline : Ballets sans musique, sans personne, sans rien. J’ai perçu une résonance entre la figure de la danseuse dans ces écrits et la figure de Mami Wata. Puis, j’ai appris que L-F Céline avait passé une année au Cameroun. L’histoire coloniale a potentiellement généré des influences des deux côtés. Je suis partie du postulat que L-F Céline avait pu être en contact avec la figure de Mami Wata et être influencé par ce mythe.» Ces recherches ont ainsi constitué « un bain de travail » pour la chorégraphe qui a développé ce solo, rythmé par une musique au carrefour de la culture club et des rythmes de musiques traditionnelles africaines, autour de la figure du saut. Cette dernière étant appréhendée dans Mascarades comme « une vibration, une pulsation » qui vous emporte aux frontières de la transe.
Aujourd’hui, Betty Tchomanga arrive sur le plateau du TU toute sirène hurlante. Comme si de rien n’était… 

Texte : Arnaud Bénureau

Figures Figures

Mise en scène Marion Thomas & Jean Lepeltier

Marion et Jean, metteur·ses en scène, ont demandé à Manon et Ayoub, interprètes, leurs obsessions, les modèles qui les ont marqué·es au point de déterminer en partie leur regard sur le monde. Léna Situations, Voldemort, Michael Jordan… tous ces modèles et contre-modèles racontent quelque chose de nous, intimement. Comment nos figures populaires et intellectuelles accompagnent nos vies ? Et en quoi sont-elles le reflet d’une réalité plus politique ?