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Interview à penser

En création avec Jean Le Peltier

Interview

Après des études théâtrales qui l’ont conduit en France et en Allemagne, Jean Le Peltier s’établit en Belgique où il fonde sa compagnie Ives & Pony. Interprète pour le plateau théâtre et celui de cinéma, réalisateur de courts-métrages, il met en scène ses premières pièces de théâtre à partir de 2014.

Quelle place prenait l'art dans ta jeunesse ?

Outre l’émoi que j’ai pu avoir devant la représentation d’un premier spectacle LE BEL OISEAU quand j’avais quatre ans, en salle de motricité, je crois que c’est surtout passé par la bibliothèque, où la situation est douce et où les gens parlent en chuchotant. Quand ça marche, c’est presque un endroit sacré, où en un clin d’oeil l’espace et le temps se déforment, et où il est possible d’échapper au présent.

De quelle manière l'époque t'inspire ? 

Je n’ai pas tant l’impression que dans notre présent on puisse vraiment sentir l’époque… Je fais un peu le malin mais c’est parce que la pièce parle de ça. De comment on se représente le passé et le présent. Si on prend un peu de recul, on s’aperçoit que notre regard hiérarchise les choses et les événements, et comme dans un paysage, selon la manière dont on le regarde ou dont il nous a été présenté, il y a des choses qui nous semblent lointaines et d’autres très proches. Selon notre regard on s’inquiète ou on se réjouit du paysage.
Ce qui est sûr c’est que j’adore toujours le présent, parce qu’à tout moment, et notamment par la parole, les choses peuvent se re-hiérarchiser différemment et se déplacer dans le paysage. Je ne dis pas que c’est facile, mais je trouve ça très enthousiasmant.

Comment travailles-tu ? 

J’essaye d’accumuler plein d’informations qui pourraient être en lien de près ou de loin avec mon thème, je les agence pour qu’elles révèlent mon questionnement par différentes entrées. Et puis j’écris des dialogues, que je répète avec les interprètes pour qu’ils se les approprient, et je les modifie en fonction de leurs interprétations.
 

Comment est né le désir de ce spectacle ?  

J’avais envie de parler de conflits, ceux qui sont dans notre quotidien. De comment on les évite parfois, parce qu’on ne sait pas très bien comment s’y prendre pour les avoir. Par peur d’être humilié ou d’humilier. Et comment l’humiliation peut aussi se glisser dans l’absence de réaction devant une situation qui ne va pas. Comment on peut être assez clair sur ce que l’on ferait dans telle ou telle situation qui ne va pas, et quand elle arrive, comment les mots peuvent nous manquer soudain.



--> Propos recueillis en juin 2023