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Portrait à penser

Rendez-vous en terrain connu

Portrait de Laurent Cebe

Dès cette saison, et pendant plusieurs années, le chorégraphe Laurent Cebe va « habiter le théâtre et les imaginaires »,  projet de jumelage global, en immersion et en aller-retour entre le TU et le quartier Nantes Nord. 

« À travers Habiter le théâtre et les imaginaires, les gens vont pouvoir traverser quelque chose qui va se révéler être agréable pour eux. Et moi,  à leur contact, je vais évoluer. Je vais changer. »​ Laurent Cebe

« Habiter le théâtre et les imaginaires » est un projet en trois temps et de très nombreux mouvements. En effet, cette saison 2020/2021 est celle de la rencontre. Entre une scène, un chorégraphe, un quartier, ses habitants, ses acteurs associatifs et sa mixité. C’est d’ailleurs cette dernière qui réjouit Laurent Cebe, enfant du mistral qui a toujours dansé. « C’est un quartier riche de plein de cultures. Je trouve que cette mixité manque un peu en centre-ville. C’est une ambiance que je ne retrouve pas au quotidien à Nantes ». Le chorégraphe de formation et dessinateur autodidacte ne fait pas le beau en disant cela. Non, Laurent Cebe sait de quoi il parle. Car en arrivant à Nantes, celui qui, aujourd’hui, ne cesse de chercher « la sincérité en danse », de vouloir « changer la posture de celui qui danse et de celui qui regarde », de « réinventer les petits interstices » de sa discipline, a été animateur. À la Boissière pour les plus grands et à la Petite Censive, pour les plus petits et pendant quatre ans. 

Et lorsque nous tournons autour du pot de la danse, du rapport du public à la chorégraphie, le garçon de 31 ans prend les devants. « Pour beaucoup, la danse est soit un art virtuose, soit un art trop chelou. Pourtant, la danse est un des arts les plus accessibles. La danse est très ouverte et peut se partager très facilement, très simplement. Alors, lorsque je parle de sincérité dans la danse, je vais arriver à Nantes Nord non pas comme l’élite de la danse, mais comme quelqu’un qui vient pour partager des temps autour de la création. Ça m’est égal la façon de danser. L’important, c’est que les gens dansent. »

Là encore, celui qui avec À main levée, sa dernière création où il fait flirter, de façon virtuose et silencieuse, mouvements et dessins, arrive à Nantes Nord avec un background dans lequel beaucoup se retrouveront. Aujourd'hui danseur contemporain, il commence la danse à l'âge de 10 ans par du hip-hop dans un centre social et le dessin en cherchant à inventer de nouveaux Pokémon. Évidemment, les influences de Laurent Cebe ne se résument pas à ces deux références. Mais ils pourront s’avérer utiles dans le cadre des premiers échanges de ce jumelage artistique et géographique. « À travers Habiter le théâtre et les imaginaires, les gens vont pouvoir traverser quelque chose qui va se révéler être agréable pour eux. Et moi, à leur contact, je vais évoluer. Je vais changer. Je trouve cela génial de pouvoir créer de vraies rencontres. Ces relations sont précieuses. Ça sort de la commande traditionnelle et du projet fini. Là, on prend en compte le processus. ». Ce dernier prend la forme d’un chemin dont le point de départ est cette saison. Et celui d’arrivée, la saison 2022/2023 qui sera celle de « faire trace et se relier ». Et certainement pas celle des adieux à la scène de Nantes Nord, une scène pas comme les autres et à ciel grand ouvert sur les cultures qui l’habitent. 

Propos recueillis par Arnaud Bénureau