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à penser

En création avec Jonathan Poulet

Interview

Artiste multidisciplinaire et percussionniste, Jonathan Poulet était présent au TU dans MOCHE de Laurent Cebe en janvier 2024 en musicien performeur déchaîné. Ses projets interrogent la musique, aussi bien dans des formes sonores, visuelles ou à travers des installations. Artiste accompagné pour la saison 23/24 du TU, il est en résidence du 29 janvier au 9 février. 

Un moment artistique qui t'a marqué ?

Jonathan Poulet : Au milieu du film  The Taste of Tea (2005) de Katsuhito Ishii, une famille allume la télé et tombe sur une émission de stand-up diffusée en direct. Un homme et une femme forment un duo comique. La femme se fait appeler «La fille tigre à dents de sabre». L’émission passe quelques images montrant qu’elle vivait comme une sauvage couverte de boue dans la jungle. Elle aurait été récemment capturée pour former le duo télé. À peine l’émission commencée, la « fille tigre à dents de sabre » regarde fixement dans le vide puis mord le crâne de son acolyte jusqu’au sang. Ce dernier s’effondre ensanglanté tout en essayant de rassurer l’audience. L’émission est aussitôt interrompue. 

Ce moment m’est apparu comme une des révélations que le format « plateau télé » est idéal pour créer des espaces mêlant la fiction, le quotidien et l’absurde. Ce format incite à imaginer des possibles sur ce que l’on ne voit pas et créer des fenêtres sur des mondes.

Tes envies artistiques pour 2024 ?

Filmer des fausses émissions télés d’un monde hors du temps sur des cassettes VHS ; tisser des liens entre le dadaïsme, la science-fiction et la musique baroque ; participer à un énième revival du rock n’ roll de franges et de paillettes mais cette fois ci avec des instruments de musiques expérimentaux faits maison.

Quelle question aimerais-tu que l’on te pose ?

Décris un des moments de jeu les plus marquants de ta vie.

Et ta réponse ?

C’était dans le village de Chauconin-Neufmontiers en CE1 dans la cours de primaire. On était un groupe d’enfants indéfini en nombre s’étendant à toute la cour de récré qui jouait n’importe quel rôle fictif et qui pouvait le changer à tout moment. Il y avait des règles de jeu et en même temps il n’y en avait pas. On pouvait passer d’histoires de Dragon Ball à des péripéties de princesse/sorcières/monstres, à des constructions de villes dans le bac à sable avec des enjeux d’irrigation des champs et d’embouteillages, puis inventer des personnages de toute pièce. Et enfin, on a fini par faire une immense queue leu leu qui a tellement bien pris que les profs n’ont pas réussi à nous faire revenir dans les classes. On a réussi à repousser la fin de la récréation de 15 minutes.

C’est la sensation que j’aimerai communiquer dans un spectacle.

propos recueillis en jan.2024