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Interview à voir

 Elle t’aime, lui non plus

Avant de savoir qui est "Laurent'', il est important de souligner que cette pièce d’Aude Lachaise est un solo dansé et parlé convoquant une figure masculine désirée. C’est aussi et surtout une aventure intérieure dans la tête bien faite d’une artiste multiple prenant un malin plaisir à vous embarquer dans son monde, entre réel marseillais et imaginaire fantasmé.

 Qui est Laurent ?
Cette question est à la fois simple et compliquée. Mais je comprends que l’on se la pose, car tout le monde attend quelqu’un et il n’y a personne. Laurent convoque davantage un homme, un objet de désir.

Éprouviez-vous l’envie de brouiller immédiatement les pistes ?
Ce n’est pas si articulé que cela. J’ai toujours peur de décevoir. C’est pour cette raison que je n’ai pas envie de trop préciser ce que je vais faire sur scène. Même si je comprends que les spectateurs ressentent l’envie de s’identifier à une histoire, à un parcours. Dans les faits, Laurent peut s’appréhender comme un carnet de voyage intérieur.

Ce voyage intérieur connaît une escale bien réelle. En effet, vous avez choisi Marseille comme terrain de jeu d’écriture… 
Dans le travail d’écriture, Marseille s’est imposé rapidement. Je voulais m’offrir ce processus de travail de l’écriture du réel. En arrivant, je me suis installée à la terrasse d’un café. Je me suis fait brancher par une fille qui m’a rapidement fascinée. Elle m’a raconté des choses étranges sur sa vie. Je voulais faire de ces petits riens, un tout. Car tout peut devenir angoisse, doute et potentiel. J’ai choisi Marseille pour son hédonisme. J’ai marché, j’ai observé. Et j’ai envisagé ensuite le processus d’écriture de ce spectacle comme un album où des séquences se juxtaposent pour donner naissance à une pièce picturale et plastique.

Pour Laurent, vous avez travaillé plus précisément la composition générale de votre pièce et l’écriture avec le dramaturge Youness Anzane ? Pourquoi ?
Je m’en suis rendue compte que très tardivement dans ma vie ; mais contre toute attente, je n’aime pas être seule. Toutes les pièces portent des histoires différentes et je me refuse de faire la même chose à chaque fois. Une nouvelle pièce, c’est une remise en question existentielle. Pour Laurent, cette collaboration avec un dramaturge est intervenu très vite. J’avais un désir d’efficacité. Je voulais changer de tempo, intégrer un rythme de travail.

 

Propos recueillis par Arnaud Bénureau