#6 Marion Solange-Malenfant en résidence d'écriture entre décembre et février 2021 au TU

Quels sont les points de départ de ce spectacle ? Comment naît le désir 
de création ?
 Tout est parti de mon "obsession" pour un texte : La Ménagerie de verre de Tennessee Williams. Régulièrement, je reviens à ce texte. Je le lis, déclare que je vais le monter et puis l'oublie pour un temps. Et tout ça recommence, pour terminer au fond d'un tiroir. Cette fois-ci, j'ai eu envie de dialoguer, par le biais de l'écriture avec ce texte et les souvenirs qu'il m'en reste. J'ai l'intuition qu'une réécriture est possible. J'appuie mon écriture sur l'héritage déposé par Tennessee Williams, mais je m'en défait aussi pour qu'une nouvelle forme émerge.

Comment se déroule le travail de création ? Quel est votre processus ? 
Qu’est ce qui se transforme pendant ce temps ? Pour l'instant, je suis seule avec mon ordinateur. J'avance sur le texte. Je lis Melville et Pérec, je joue avec une boule à neige, je regarde la butte enherbée devant la fenêtre de la loge où j'écris… Je ne lis plus La Ménagerie de verre. C'est un souvenir. Je l'ai tordue pour la faire mienne.

D'ici quelques jours je travaillerai avec des comédiens autour de ce premier texte. Je continuerai à gratter cette histoire pour en sortir le flot essentiel.

Combien de temps avez-vous besoin pour créer un spectacle ? Mon premier spectacle est né au bout de 4 ans… Je ne sais pas si il y a une règle de temps. J'espère qu'il n'y en a pas. Je suis déjà surprise par la manière dont je me suis immergée dans l'écriture de cette troisième pièce. Je n'écris pas pareil. J'écris plus vite. La première mouture est déjà presque là. Mais je vais la détricoter avec mon équipe. Et là, vous dire combien de temps ça va prendre, je n'en sais rien ! Puis viendra le moment de s'emparer du plateau et de laisser les images s'imposer face au texte.

Quelle définition avez-vous du spectacle ? Quels sont les enjeux pour 
vous de la création contemporaine ?
Ouvrir une brèche sur notre monde pour dire sa crudité et sa poésie.

Quel est votre moteur ? Ce que vous préférez dans votre métier ? Disons la Rencontre. Avec les mots qui jaillissent sur l'écran. Avec les comédiens qui malaxent ces mots et les font leurs, ou les suppriment préférant les silences. Avec les spectateurs qui laissent entrer ces mots et ces silences dans leurs imaginaires. Je m'arrête là, il y aurait beaucoup trop de "avec" à écrire.

Quel est votre premier souvenir de spectateur ? La sorcière du placard à balais en marionnettes. Je me souviens du "Sorcière, sorcière prends garde à ton derrière !" C'était drôle et flippant…Je devais avoir 5 ans.

Propos recueillis en février 2021