La saison 24-25 marque les 30 ans du TU, l’occasion d’inviter les artistes de la saison à répondre à quelques questions sur les générations et la régénération ! À nos futurs !
Danseur et chorégraphe, Eli Lécuru vient d’abord du monde du théâtre. Il présente sa nouvelle création HIPPO.CAMP au TU dans le cadre du Festival Trajectoires.
L’art est quand même un incroyable véhicule pour dessiner un autre réel possible, rêvé, qui ne peut émerger qu’à travers le médium de la création. L’art transforme le monde car il propose d’autres formes et d’autres imaginaires.
Eli Lécuru
Quel est ton premier souvenir de spectacle ?
Eli : Je me demande lequel raconter. Il y a l’officiel, pas très intéressant mais je vais opter pour le plus creepy : je dois avoir trois ans, je hurle à la mort dans un balcon de l’Opéra Bastille parce que la cantatrice chante vraiment beaucoup trop fort et selon moi, beaucoup trop mal. J’ai faim et envie de faire pipi. Je garde l’image de mon père en panique qui me porte à travers les méandres des couloirs de l’opéra. À l’époque je portais encore des robes mais j’avais déjà l’âme volcanique.
Qu’est-ce que l’art transforme selon toi ?
Eli : Je dirais une perception des choses, un regard. Ou alors tout simplement le réel. L’art est quand même un incroyable véhicule pour dessiner un autre réel possible, rêvé, qui ne peut émerger qu’à travers le médium de la création. L’art transforme le monde car il propose d’autres formes et d’autres imaginaires. MAIS surtout, il permet le partage de cette transformation. Son extension, sa diffusion, sa colportation, son expansion. On permet des possibles, on les pense, on les invente mais surtout
on les raconte.
Quelles mutations, quelles transitions sont nécessaires pour toi ?
Eli : J’ai l’impression qu’il y a encore beaucoup à faire en ce qui concerne nos biais de pouvoirs, en général et dans le monde de l’art. J’ai l’impression qu’on ne s’interroge pas assez sur ce qui fonde notre patrimoine artistique, à titre personnel et collectif, ce qu’on en fait et comment on le diffuse. J’ai l’impression en gros que la question décoloniale et antiraciste n’est pas assez présente dans les formes que l’on crée. On veut faire du queer et de l’étrange mais on on ne le fera pas sans avoir vraiment travailler notre rapport à l’art en tant que blanc, héritier d’un rapport de suprématie au monde et ayant généralement l’habitude de se servir sans demander :/ Et j’ai l’impression que cela se fait en se posant des questions hyper simples du type : avec qui je travaille ? pour qui ? quelles genres de référence j’emploie ? quels sont les privilèges dont j’ai conscience ? qu’est ce que je raconte de mon rapport au monde quand je prend la parole ?
-> Propos recueillis en septembre 2024.
Événements liés
- Festival TRAJECTOIRES
HIPPO.CAMP
Éli Lécuru – Cie MEROUx
Jeu. 16.01 – 21h00
Ven. 17.01 – 21h00
Avec une joie nécessaire, HIPPO.CAMP est un hommage dansé à tout ce qui pourra nous sauver : les hippocampes, le grotesque, les danses en rondes et les cartes prémonitoires du tarot de Marseille.
- Festival TRAJECTOIRES
AC/DC
Aëla Labbé – Cie Lucane / Agathe Pfauwadel – Cie Pasarela
Jeu. 16.01 – 14h30
Jeu. 16.01 – 20h00
Ven. 17.01 – 14h30
Ven. 17.01 – 20h00
Quand deux façons d’habiter le monde, deux générations et deux corps se rencontrent, c’est à travers une danse puissante et légère, qui prend soin des différences.
- Festival TRAJECTOIRES
Clashes Licking + Spongebabe in L.A. (4 Love & Anxiety)
Catol Teixeira + Mercedes Dassy
Jeu. 23.01 – 20h00
Ven. 24.01 – 20h00
Une soirée pour découvrir deux solos chorégraphiques, deux expériences de métamorphose des identités et des corps.