« Je suis chorégraphe ; mais j’ai souvent besoin d’autres éléments que le corps pour m’exprimer. La danse n’est pas le langage le plus explicite pour exprimer des choses. Mais sa poésie est redoutablement efficace. »
La scène belge, la scène belge, la scène belge… Oui, d’accord ; mais encore… Pourquoi la Belgique, serait-elle l’épicentre d’une danse contemporaine s’affranchissant des règles en vigueur ailleurs ?
Cette question, nous l’avons posée immédiatement ou presque, à Mercedes Dassy, chorégraphe née en 1990, artiste associée à Charleroi Danse et jouant coup double à Nantes avec Spongebabe in L.A. (4 Love & Anxiety) et RUUPTUUR :
« La scène belge se fout des codes, d’une certaine idée de la danse. Certaines chorégraphies qui ont fait l’histoire de la danse contemporaine belge relevait davantage de l’avant-garde que du mouvement académique. Les générations qui ont suivi ont perpétué cette approche plus punk. »
Ou plus pop dans le cas de celle qui danse depuis l’enfance.
Qu’on le veuille ou non ; la danse contemporaine reste une discipline de niche, assez élitiste. C’est pourquoi j’ai toujours été attirée par la culture pop pour en inspirer ma danse. Oui, cette dernière est la culture du capitalisme ; mais elle est démocratique et populaire. Tout ce que l’on voit à la télé ; tout ce qui vient de la rue, tout ce qui se partage de manière immédiate me passionne.
Ce qui n’empêche absolument pas Mercedes Dassy de gratter ce vernis. Encore et encore. Pour en faire jaillir des ambitions plus intimes.
« Spongebage est une chanteuse. Et nous assistons aux dernières heures avant son concert. On traîne dans sa chambre. Une chambre d’hôtel ? Sa Chambre à elle ? Qu’importe, on traîne avec elle. On traverse différents états d’anxiété, de réflexion… Le spectacle questionne les différentes métamorphoses que nous pouvons connaître lors de situations de crises ou de post-crises. En tant qu’individu et en tant que société. »
Cette intrusion dans l’esprit de Spongebabe, c’est aussi une invitation à venir épier l’artiste.
« Cette question de la métamorphose, je l’ai connue en devenant maman récemment. Cela a traversé intégralement le projet. »
Et ce dernier est multiple : du texte, de la musique, de la danse.
Je suis chorégraphe ; mais j’ai souvent besoin d’autres éléments que le corps pour m’exprimer. La danse n’est pas le langage le plus explicite pour exprimer des choses. Mais sa poésie est redoutablement efficace.
Même efficacité coup de poing dans RUUPTUUR.
« C’est le courage que nous nous donnons entre copines. Cette envie viscérale d’être liées pour traverser le chaos. Je voulais mettre en valeur mes amitiés qui font que l’on survit à ce monde de merde. Pourtant après le chaos, on retrouve un certain calme, un calme anxieux. »
Ce calme apparent, c’est donc Spongebabe.
« Je ne suis pas anxieuse de nature ; mais je le suis devenue en entrant dans la trentaine, dans les responsabilités de la vie d’adulte. Qui suis-je pour parler aux autres ? Que dois-je faire ? Que dois-je ne pas faire ? J’ai été très malheureuse pendant le processus créatif de Spongebabe. La première a été un acte libérateur. J’ai accepté le spectacle tel qu’il était. En le donnant au monde, j’ai retrouvé une sorte de confiance. »
Texte : Arnaud Bénureau, déc. 2024
À découvrir
- Festival TRAJECTOIRES
Clashes Liking + Spongebabe in L.A. (4 Love & Anxiety)
Catol Teixeira + Mercedes Dassy
Jeu. 23.01 – 20h00
Ven. 24.01 – 20h00
Une soirée pour découvrir deux solos chorégraphiques, deux expériences de métamorphose des identités et des corps.