3 questions au Collectif Contre-Club
Le collectif Contre-Club ce sont deux danseuses et chorégraphes, Louise Phélipon et Muriel Garric, récemment diplômées du Cdnc. Avec leur spectacle Avec la Houle, elle nous proposent d’explorer les possibilités de notre corps, parfois sexy parfois monstrueuses !
J’ai besoin de comprendre ce que la danse peut faire : comment elle peut créer du lien ou comment elle peut ouvrir nos imaginaires. Mais pour ça, j’ai besoin d’être sur le terrain. C’est ce que je veux : aller à la rencontre des gens pour découvrir avec elles et eux comment la danse peut nous bouleverser, comment elle peut nous nous aider à rester sensibles.
Louise Phélipon
Quels sont les moteurs de la création de votre premier spectacle, Avec la Houle ?
Louise Phélipon : J’avais envie de me réapproprier ce que mon corps pouvait raconter sur scène. Dans les espaces publics, les jeunes femmes se voient souvent un rôle attribué : celle qui doit rester calme et discrète, celle qui ne fait pas de vagues. On avait envie de shaker tout ça ! Sur scène, c’est nous qui contrôlons comment nous sommes mises en scène et c’est très empouvoirant, pour une fois, d’avoir la main mise sur comment on veut être vues.
Muriel Garric : Avec la houle nait d’une envie de partager le plateau et de co-écrire. Cette pièce commence à germer pendant notre formation au Cndc d’Angers, à cette période la lecture des travaux d’Iris Brey et Monique Wittig marque nos esprits et enclenche l’envie de faire advenir quelque chose au plateau.
La rencontre est un des moteurs de la création, comment rencontrer l’autre, découvrir son corps. Et si la rencontre était tordue, désordonnée, maladroite, bizarre, drôle ou dégoutante ? Avec la houle propose au public d’être témoin de la rencontre hors normes des deux protagonistes. Nous englobons le public pour il ne soit plus uniquement face à une image, qu’il pourrait regarder de façon distanciée. Nous voulons évincer le male gaze afin de pouvoir sentir ensemble.
Qu’est ce qui t’agite à (à peu près) 30 ans ?
Louise Phélipon : J’ai besoin de comprendre ce que la danse peut faire : comment elle peut créer du lien ou comment elle peut ouvrir nos imaginaires. Mais pour ça, j’ai besoin d’être sur le terrain. C’est ce que je veux : aller à la rencontre des gens pour découvrir avec elles et eux comment la danse peut nous bouleverser, comment elle peut nous nous aider à rester sensibles.
Muriel Garric : Le silence comme outil de domination patriarcale et coloniale. En tant qu’artiste, nous pouvons utiliser nos pratiques, nos espaces pour briser ces silences.
Pourquoi l’art est nécessaire dans ta vie ?
Louise Phélipon : Si j’ai commencé à danser, c’était avant tout pour devenir amie avec les danseurs et danseuses de ma ville car j’admirais leurs valeurs (le partage, la bienveillance, le plaisir du mouvement). Aujourd’hui, je sens que m’entourer de ce genre de personnes est nécessaire pour m’aider à garder de l’espoir face à tout ce qui ne va pas. Ensemble, on peut chercher comment agir. Seule, je n’y arrive pas. L’art me permet de rester sensible au monde qui m’entoure et m’apprends aussi à rester vindicatives face aux choses que je ne veux pas laisser passer.
Et le TU en 2054 ?
Louise Phélipon : Je l’imagine toujours aussi actif et affuté pour accueillir de nouvelles graines ! C’est une chance que des lieux comme le TU existes pour offrir des opportunités à celles et ceux qui se voient acteurices du monde du spectacle. En 2054, j’espère que le TU organisera une grande fête avec toutes les personnes qui y seront passées pour nous rencontrer et nous donner nos meilleurs tuyaux pour la suite !
-> Propos recueillis en septembre 2024.
À voir
- Festival FAUVES
Avec la Houle
Muriel Garric et Louise Phélipon – Collectif Contre-Club
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Deux figures, mi-humaines mi-créatures, sont prises dans la matrice infernale d’un flot musical.
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Évènement terminé
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On pleure la disparition du papillon, mais pas celle du cafard, pourquoi ? Qu’est-ce qui mérite d’être pleuré ?