3 questions à Meg Boury


La saison 24-25 marque les 30 ans du TU, l’occasion d’inviter les artistes de la saison à répondre à quelques questions sur les générations et la régénération ! À nos futurs !

Plasticienne, couturière, maquilleuse et surtout performeuse, Meg Boury continue à nous faire rire et à nous surprendre avec sa création C’est fin comme du gros sel ! où elle nous parle de cabaret, marais salants, et de la frontière entre le sexy et le vulgaire.

Les mots, les actions… de la performance ont un pouvoir d’action, ils performent quelque chose, ils agissent. Et c’est quelque chose que le public ressent, il sait que ce qui est en train d’arriver a lieu maintenant, n’a pas existé avant, et n’aura pas lieu plus tard. Et ce qui est important pour moi c’est qu’il sache qu’il est indispensable, que sans public, il n’y a pas de performance et que donc les spectateurices doivent être là, au présent, pendant la performance, sinon ça marche pas.

Meg Boury

Ta première relation à l’art, c’était quoi ? Comment ?

Meg : Le premier métier de ma maman c’est couturière. Elle a toujours été passionnée par la mode et elle nous a transmis cette passion. On regardait les défilés de mode sur Paris Première, et les collections dans les magazines. On allait ensemble acheter du tissu, choisir des patrons… et créer nos propres vêtements. C’est ça mon premier rapport à la création. Mon frère était lui aussi très passionné de mode et aussi d’art et c’est lui qui me montrait des livres dans lesquels on voyait des oeuvres et aussi qui proposait à la famille de faire des sorties pour aller voir des expos. Au lycée il fabriquait des oeuvres à mi-chemin entre la mode et les arts plastiques et je posais pour lui. Comme c’est mon grand frère et que je voulais faire comme lui, j’ai suivi le même parcours scolaire et c’est là que je me suis rendu compte que ça me plaisait vraiment, qu’en plus de regarder et vivre l’art, j’avais moi aussi envie de créer. 


Quel est ton premier souvenir de spectacle au TU?

Meg : Je pense que le premier spectacle que j’ai vu au TU c’est B.C, JANVIER 1545, FONTAINEBLEAU de Christian Rizzo. C’était aussi une de mes premières rencontre avec la danse contemporaine et je me souviens que cela m’a laissé plutôt perplexe. Mais je me souviens aussi que c’était très plastique. Il y avait des formes sur le plateau, un personnage avec un masque, la danseuse dans une boîte blanche… La scénographie était forte et très visuelle. Même si la danse ne m’avait pas trop plus,
quelque chose a dû me plaire parce que je suis ensuite allée voir ad noctum au TU toujours. Cette fois là j’ai vraiment apprécié la danse, le duo était très beau, la scénographie était très forte également. D’ailleurs j’ai pensé à un moment au cours de mon parcours aux Beaux-arts changer pour faire de la scénographie, et puis finalement
non. J’ai aussi voulu étudier la danse après les beaux-arts, et puis finalement non… je trouve que ça montre bien comment pour moi le parcours de spectatrice est inhérent à celui de performeuse et autrice.


Quelle manière d’être au présent ton spectacle propose-t-il ?

Meg : Je pense qu’être au présent est un des plus gros enjeux de la performance. Bien sûr c’est valable pour toutes les formes de spectacle vivant, c’est la présence du public, le temps passé ensemble qui fait exister le spectacle mais je pense que c’est d’autant plus vrai pour la performance. Il s’agit pour moi d’un moment de présentation et donc
différent de la représentation. Les mots, les actions… de la performance ont un pouvoir d’action, ils performent quelque chose, ils agissent. Et c’est quelque chose que le public ressent, il sait que ce qui est en train d’arriver a lieu maintenant, n’a pas existé avant, et n’aura pas lieu plus tard. Et ce qui est important pour moi c’est qu’il sache qu’il est indispensable, que sans public, il n’y a pas de performance et que donc les spectateurices doivent être là, au présent, pendant la performance, sinon ça marche pas. Pour donner un exemple, dans mon précédent projet Une Histoire de la frivolité entre marais et champs, toute une partie de la performance n’existe que dans l’imagination des spectateurices. Il y a aussi un costume que je ne peux pas enfiler seule et je dois demander l’aide d’un·e membre du public. Je travaille encore sur cette question pour mon nouveau projet C’est fin comme du gros sel ! qui jouera le 6 décembre au TU. Ce qui est sûr c’est que le public sera amené à émettre des jugements pendant la performance et pas en sortant de la salle et aussi que j’ai encore fabriqué des costumes que je ne peux pas mettre toute seule.

-> Propos recueillis en novembre 2024.

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