La saison 24-25 marque les 30 ans du TU, l’occasion d’inviter les artistes de la saison à répondre à quelques questions sur les générations et la régénération ! À nos futurs !
Marion Thomas est autrice, comédienne et metteuse en scène. Artiste compagnonne du TU, elle propose de découvrir sa nouvelle création, Faire Troupeau au TU pendant le festival IDÉAL.

Je rêve d’un futur où ces gestes-là (ceux qui ouvrent, qui relient, qui créent du possible) sont reconnus, soutenus par les politiques publiques. Un futur où la valeur d’un moment partagé dépasse celle d’un produit vendu, où la politique cesse d’être une affaire de gestion pour redevenir une invitation à l’engagement, à la rencontre, à une attention plus grande au monde et aux autres.
Marion Thomas
Ton premier souvenir de spectacle au TU, c’était quoi ?
Marion Thomas : Mon premier spectacle au TU, c’était y a plus de 10 ans. J’étais étudiante en licence de lettre. C’était un spectacle avec trois interprètes et en gros ils faisaient plein d’actions absurdes sur le plateau qu’ils filmaient et puis ils repassaient la vidéo à l’envers et ça faisait une histoire qui racontait une version féministe de princesse. Je me rappelle être sortie sonnée parce que j’avais trouvé ça tellement drôle, politique et réjouissant. Je n’avais à l’époque aucune idée que le théâtre pouvait ressembler à ça. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai commencé à être ouvreuse pour voir tous les spectacles et je me suis inscrite à l’atelier théâtre.
Quelles manières d’être au présent ton spectacles propose-t-il ?
Marion Thomas : Mon point de départ, c’est toujours l’envie de partager un fil des réflexion personnelles sur différents aspects de notre société, d’articuler des idées qui m’ont marquée (des lectures, des théories, des articles scientifiques) sans me positionner en experte. Parfois, ça passe par une parole non-spectaculaire, de juste moi qui raconte des trucs, parce que ça créé un rapport immédiat et sincère avec le public. Je n’écris pas complètement le texte, ce qui m’oblige à le réinventer constamment. J’ai des repères, un cap, mais chaque représentation est différente, selon mon état et l’énergie de la salle. C’est une démarche fragilisante. Parfois ça marche, parfois moins. Mais je trouve que ça m’oblige à être généreuse, à rester pleinement ancrée dans le présent. L’humour aussi est important pour construire cette complicité. Mon but, c’est de montrer que je ne suis pas au-dessus, que je pense avec les gens, en direct. Une façon d’incarner une politique horizontale, où la réflexion se construit collectivement.
Vers quels futurs l’art peut-il nous mener ?
Marion Thomas : L’art, le théâtre pour moi c’est une façon de créer du commun, un endroit où on peut réfléchir ensemble, adopter des points de vue qui ne sont pas les nôtres à la base et tenter des trucs. C’est donc, profondément, une question politique : quel type de liens peut-on créer entre nous ? Des liens qui ne reposent pas sur l’échange marchand. Je ne suis pas là pour me vendre, tu n’es pas là pour m’évaluer. Nous sommes ailleurs, dans un territoire qui échappe aux logiques d’efficacité et de rendement.
Je rêve d’un futur où ces gestes-là (ceux qui ouvrent, qui relient, qui créent du possible) sont reconnus, soutenus par les politiques publiques. Un futur où la valeur d’un moment partagé dépasse celle d’un produit vendu, où la politique cesse d’être une affaire de gestion pour redevenir une invitation à l’engagement, à la rencontre, à une attention plus grande au monde et aux autres.
-> Propos recueillis en janvier 2025.
À voir
- Festival Idéal
1664
Hortense Belhôte
Mer. 12.03 – 20h00
Jeu. 13.03 – 20h00
1664 c’est le nom d’une bière. C’est aussi l’année d’un renversement esthétique et politique décryptée dans un conférence spectaculaire aussi drôle qu’intelligente.
- Festival Idéal
Faire Troupeau
Marion Thomas – Cie Frag
Mar. 25.02 – 20h00
Mer. 26.02 – 20h00
Jeu. 27.02 – 20h00
Une célébration joyeuse qui nous invite à faire troupeau comme force de contestation politique.
- Festival Idéal
4 questions à Yoshi Oida
Maxime Kurvers
Mar. 04.03 – 20h00
Mer. 05.03 – 20h00
Un puissant hommage à la portée éthique et métaphysique du théâtre.