Qui es-TU Soriba Dabo ?


Rencontre avec Soriba Dabo, comédien aux côtés de Julie Grelet et Mehmet Bozkurt, du spectacle Nous revivrons de la metteuse en scène Nathalie Béasse : trois jeunes interprètes issu·es du programme 1er Acte qui vise à promouvoir une plus grande diversité sur les plateaux de théâtre.

En 2018, Soriba Dabo sort Out, web série filmée depuis le quartier de Bellevue à Nantes. « C’était le début de tout. Ça a fait un peu de bruit. » C’est peu dire… Plus d’un million de vues au compteur. « Nous voulions voir de quoi nous étions capables. Nous voulions faire cela pour nous amuser, pour cramer nos journées. Désormais, je ne peux plus la regarder. Trop de choses me gênent. » En cinq ans, entre cinéma, théâtre et projets personnels, le Nantais a clairement changé de division. Pensionnaire de la cinquième promotion du programme 1er Acte, dispositif national initié en 2014 par le Théâtre National de Strasbourg afin de promouvoir une plus grande diversité sur les plateaux de théâtres, Soriba Dabo a tout du meilleur espoir masculin qui ne s’imaginait pas être là où il est aujourd’hui.

« Un ami m’a parlé des auditions 1er Acte. J’ai envoyé un CV bateau. Comme lorsque tu postules à un premier job. Dans ma lettre de motivation, je soulignais mon appétit à être artiste. Je ne voulais pas me professionnaliser mais continuer à prendre du plaisir. Je passe l’audition en présentant une longue tirade extraite du Mariage de Figaro. Du peu de théâtre que j’avais lu, l’oeuvre de Beaumarchais était celle qui m’avait le plus marqué. »

Les portes s’ouvrent mais le théâtre reste lointain.

Je ne savais pas comment le définir exactement. Je savais qu’il pouvait être un endroit intéressant pour développer son imaginaire

Soriba Dabo

Le temps d’une année intensive, l’apprenti comédien découvre le métier et surtout un monde. »Je découvre le théâtre ; mais aussi des textes : Koltès, Neruda, Lagarce… Tous ont réussi à transcrire certains moments de ma jeune vie « . Pour Soriba Dabo, tout coule de source.

Pour autant, n’aurait-il pas pu découvrir ces textes, ces auteurs plus tôt ? « Non. Par contre, j’aurai été fâché avec la vie si j’avais découvert ces textes dans 30 ans. La question est de savoir comment tu peux être sensibilisé à quelque chose qui, de base, est loin de ton quartier ? ».

Le jeune homme de 25 ans esquisse une réponse avec.son retour à Bellevue. Avec Koltès sous le bras et le projet vidéo Idée Originale dans la tête. « J’ai la chance d’avoir des amis qui sont très ouverts. Il m’ont juste dit : « On est chauds ! . Il y a une confiance entre nous « . Comme il en existe désormais entre Nathalie Béasse et lui. « J’ai rejoint Nous revivrons à la rentrée 2022. Je partage le plateau avec Julie Grelet et Mehmet Bozkurt. Avec Nathalie Béasse, je me suis senti immédiatement à ma place. Nous revivrons est une pièce venant donner de l’espoir dans la vie. Comme si parfois, le bonheur était simple à atteindre « . Avec le comédien, c’est un peu la même. Tout semble simple. « Oui, la question de la diversité sur les plateaux de théâtre se pose. C’est une réalité. Mais comme partout, il faut défendre sa place. Comment fait-on pour trouver son chemin ? ». Au coeur d’une actualité riche et susceptible de bouger constamment, Soriba Dabo n’oublie pas ses envies personnelles. « Je veux questionner le territoire. Pourquoi sommes-nous plus à l’aise sur notre territoire qu’ailleurs ? Est-ce qu’il nous détermine vraiment, pas du tout, un peu ? En tous les cas, je ne sais pas si j’aurai eu la même détermination à découvrir ces univers artistiques si je n’étais pas de Bellevue. Bellevue m’a donné envie de m’ouvrir ».

Déjà hier, encore plus aujourd’hui et certainement davantage demain, Soriba Dabo se présente comme un acteur clairement in et jamais out des réalités.

→ Propos recueillis par Arnaud Bénureau en juin 2023.