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Portrait à voir

Qui es-TU Erwan Ha Kyoon Larcher ?

Portrait d'un premier spectacle

« Avec Ruine, j’ai envie de construire, de déconstruire. Je veux revenir à un état zéro. Celui où vous faites un choix. Celui où tout est possible. »

Tout n’est pas si facile ; tout ne tient qu’à un fil. La preuve avec Erwan Ha Kyoon Larcher, co-créateur du collectif Ivan Mosjoukine qui, en 2014, avec le spectacle De Nos Jours [Notes on the Circus], a fait valdinguer les codes des arts de la piste. « Au lycée, j’ai vu un spectacle du centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. J’ai été impressionné par les corps. Je n’avais jamais vu cela. À l’époque, j’étais en option théâtre. Je ne me formulais rien de spécial, tout opérait en silence ; mais de façon inconsciente, cet engagement physique m’a appelé. »

Une fois le choc des corps en mouvement passé ; le jeune homme sans frontières artistiques – musique, acrobatie, comédie et plus encore – trace brillamment sa route : école des Campelières, centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne, conservatoire national supérieur d’art dramatique.

Ce cursus scolaire et son approche singulière font du concepteur de Ruine, solo pour homme-orchestre ou sorte d'opéra initiatique, un témoin privilégié de la grammaire circassienne. « Enfant, j’aimais bien le cirque traditionnel, classique que je pouvais regarder à la télévision sur la 3. Alors oui, le nouveau cirque a changé l’image que l’on pouvait avoir sur cette discipline mais honnêtement, cirque contemporain ou nouveau cirque, je m’en fiche un peu. De Nos Jours parlait déjà de cette question du nouveau cirque qu’avec le collectif Ivan Mosjoukine, nous trouvions déjà vieux. Il est évident que je viens du cirque. Pour autant, cela m’importe peu la façon dont on le nomme. » Ici, le fond est plus important que la forme. Et ce même si cette dernière défie constamment les lois de l’attraction. « Avec Ruine, j’ai envie de construire, de déconstruire. Sorte d'état zéro avant de reconstruire. Celui où tout est possible. » Comme être un garçon de son temps où les chapelles n’ont plus le droit de citer.

Erwan Ha Kyoon Larcher évolue avec la même aisance chez les metteur·se·s en scène Christophe Honoré, Clédat & Petitpierre, Philippe Quesne, Phia Ménard ou aux côtés de la chanteuse et musicienne Rebeka Warrior, ou encore avec son projet de musique HA KYOON. « À une époque, je me disais que je faisais trop de choses, que je m’éparpillais. Mais depuis deux ou trois ans, je prends cela comme une force, comme autant de pièces que je rassemble peu à peu dans ce long puzzle-vie.»

 

Texte par Arnaud Bénureau