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5 questions à Yasmine Yahiatène

Artiste pluridisciplinaire formée en performance et vidéo à l’académie des Beaux-Arts de Tournai, Yasmine Yahiatène nous invite dans ses souvenirs de famille à travers son premier spectacle, La fracture.

Pour moi l’art de manière personnelle, c’est la transformation de la colère, de la force, de la réflection en quelque chose de plus mystique de plus impalpable, mais c’est aussi un carnet de mémoire et de référence pour les générations à venir, c’est une trace qu’on laisse derrière soi pour raconter, ce que l’on veut.

Yasmine Yahiatène



Quels sont les moteurs de la création de ton premier spectacle, La fracture

Yasmine : J’étais traversée depuis longtemps par ces sujets : l’héritage, l’histoire familiale, l’alcoolisme de mon père… J’avais déjà travaillé dessus en école d’art. À l’automne 2019, j’ai écrit un dossier, sorti ce que j’avais dans le ventre. Assez vite mon envie s’est affirmée de travailler sur l’intime. J’ai toujours été touchée par la docufiction, le documentaire, tout ce qui se rapporte au réel, ce qui part des tripes et qui ressort. Je n’ai pas eu le choix vraiment de mon sujet ; il y avait quelque chose qui bouillonnait à l’intérieur. Avec cette idée que l’intime est politique.


Qu’est ce qui t’agite à (à peu près) 30 ans ?

Yasmine : Tout, je suis quelqu’un d’assez angoissée et anxieuse même si on ne le voit pas toujours. Je suis complètement obsédée par la collections, par le souvenir, par les traces. J’ai besoin de comprendre comment les choses fonctionnent et qu’elle en sont les rouages. Je pense qu’il est important de composer entre le monde qui nous entoure au loin et celui de notre microcosme, que c’est la balance des deux qui permet un équilibre. Lorsque j’oublie mon quotidien, les relations intime et que je me concentre simplement sur les nouvelles du monde (qui part à volo…) je me retrouve tétanisée, je n’arrive plus ni à penser ni à lutter. A l’inverse si je me concentre simplement sur moi et mon monde, j’en deviens égoïste et je peux vite me renfermer et mettre des oeillère. Aujourd’hui, tout me préoccupe, la montée du fascisme, l’écologie, mais aussi pour une note plus joyeuse, les articulations de communauté, de collectif qui deviennent de plus en plus solidaires, de plus en plus alertes et inventifs.


Pourquoi l’art est-il nécessaire dans ta vie ?

Yasmine : L’art est un portrait d’une société. Au plus l’offre est diverse au plus la société va bien. Au plus l’offre est restreinte au plus la société va mal. J’aspire à une pluralité de proposition sans hiérarchisation, j’aspire a un monde où chaque proposition a sa place et le droit d’exister pleinement. Pour moi l’art de manière personnelle, c’est la transformation de la colère, de la force, de la réflection en quelque
chose de plus mystique de plus impalpable, mais c’est aussi un carnet de mémoire et de référence pour les générations à venir, c’est une trace qu’on laisse derrière soi pour raconter, ce que l’on veut.

Comment imaginez tu ta vie d’artiste en 2054 ?

Yasmine : Oula, en 2054, j’aurai 64 ans. Je m’imagine heureuse, je m’imagine à l’écoute des gens et des nouvelles propositions. Je souhaite qu’en 2054 j’apprenne encore et toujours plein de choses.

Et le TU en 2054 ?

Yasmine : Prospère et toujours là avec une ligne de proposition incroyable 🙂 

-> Propos recueillis en août 2024.

À voir


  • Festival FAUVES

La Fracture

Yasmine Yahiatène

Lun. 14.10 – Mar. 15.10

Un seule-en-scène puissant qui tente de réparer une mémoire familiale peuplée de cicatrices, avec la vidéo et le mapping comme partenaires de jeu.

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