Chorégraphe et performeuse française basée à Bruxelles, le parcours d’Ondine Cloez commence par une formation en danse classique au Conservatoire National de Grenoble. Elle créée en 2018 sa première pièce, Vacances vacance, puis L’art de conserver la santé en 2020 et sa déclinaison pour extérieur La Ballade des Simples. Elle présente au TU The first word of the first poem of the first collection is basket, aux côtés de Kotomi Nishiwaki. Dans ce duo, elles proposent de traduire au public ce qu’il leur arrive quand elles sont sur scène.

©Guillaume Robert
Délirer, mais délirer ensemble, ça pourrait être le début de la construction d’un espace de résistance.
Quel a été le point de départ de ce spectacle ?
Le point de départ est notre amitié qui dure depuis maintenant 25 ans. Quand nous nous sommes rencontrées, nous étions étudiantes dans une grande école de danse à Bruxelles. En repensant à toutes ces années écoulées, nous nous sommes demandées si nous étions les mêmes personnes qu’en l’an 2000 et surtout nous avons eu envie de prendre le temps, ensemble, de nous interroger sur ce que nous sommes aujourd’hui, dans la vie et surtout sur scène.
Si ce spectacle était un remède, de quoi ou de qui prendrait-il soin ?
Je pense qu’il prendrait soin des étudiant•es en général, et des étudiant•es en école d’art en particulier. Je ne sais pas si il pourrait être un remède, plutôt une consolation. Pendant le processus de création, avec Kotomi, on s’est souvent dit qu’on aimerait voyager dans le passé et aller voir ces deux étudiantes pour leur dire qu’il n’y avait aucun problème avec leur corps, leur danse ou qui elles étaient en général. Peut-être si on avait vu ce spectacle, on aurait été rassurées.
Quelles espaces de résistance permettent la fiction / l’art ?
C’est difficile comme question. J’aurais envie de dire que la possibilité d’imaginer « autre chose » est déjà une forme de résistance. Mais je ne suis pas sûre que le mot « résistance » puisse s’appliquer à une action individuelle. Pour moi il s’agit plutôt d’un mouvement collectif, sociétal. Ou alors de s’allier à d’autres imaginaires que le nôtre, de créer des pensées et des gestes artistiques qui dépassent la figure de l’artiste comme individu. Alors peut-être oui, on peut créer des espaces de résistances à plusieurs, des conversations où d’autres fictions peuvent apparaitre, des mondes créés par autre chose qu’une volonté d’exister en tant qu’individu. Délirer, mais délirer ensemble, ça pourrait être le début de la construction d’un espace de résistance.
Pourquoi aller au théâtre aujourd’hui ?
D’abord par curiosité. Je continue d’aller au théâtre parce qu’il y a encore une curiosité qui m’anime et parce qu’il y a encore plein de manières de faire des spectacles que je ne soupçonne même pas. Et aussi parce que aller au théâtre, c’est aussi une bonne façon de comprendre comment les politiques culturelles sont organisées. Qui est programmé•e, où, dans quel contexte; ça permet d’avoir une image plus large du secteur. Et surtout ça permet de percevoir ce qu’il manque. Quelles voix sont absentes? Je crois que c’est pour ça que je continue d’aller au théâtre, parce que parfois je vois un spectacle, une performance et je me dis: « ça m’avait manqué de voir ça ». Même si je ne savais pas que ça existait.
Qu’est ce qui te pousse à créer un spectacle ?
En ce moment, clairement, c’est la rencontre avec d’autres artistes. Je commence à discuter avec une personne et la curiosité mutuelle fait qu’on ne s’arrête plus. Et à force, la seule issue c’est de faire quelque chose ensemble. J’ai envie de créer un spectacle parce que je pense avec quelqu’un•e et je pense à quelqu’un•e. Tout d’un coup ma manière de penser est modifiée, elle s’hybride. Et aussi parce que je rencontre ces artistes (Kotomi Nishiwaki, Saghar Hosseinpour, Ehsan Shayanfard) et je les trouve tellement passionnant•es, j’ai envie que tout le monde les connaisse! Parce qu’iels font partie des voix qu’il manque, il me semble.
-> Propos recueillis en novembre 2025
À voir…
The first word of the first poem of the first collection is basket
Ondine Cloez et Kotomi Nishiwaki
Ven. 05.12 – 21h00
Le tanka, forme courte de la poésie japonaise, devient le prétexte d’un jeu malicieux pour deux performeuses autour de la traduction des émotions, sensations, souvenirs, désirs ou fantasmes qui les traversent sur scène.
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