Iris Tlemsamani et Maëva Guillery se rencontrent au Nouveau Studio Théâtre. Leur envie d’associer leurs performances respectives naît d’un hasard: tant de similitudes entre La marée monte et Détroit qu’elles décident de créer Les eaux saillantes, une soirée de performance mettant à l’honneur la reliance des deux artistes, que l’on découvrira à l’occasion du festival Fauves, au TU.


Qu’est ce qui te donne de la force dans ton travail ?
Iris: Cultiver les liens à ce qui m’entoure, me nourrir des rencontres et des formes de joies
collectives. Aller chercher de la sincérité dans ce que je fais et faire avec l’imperfection, la
fragilité et l’intensité.
Maëva : Les amitiés. C’est un brasier qui s’alimente à plusieurs.
Quelle(s) force(s) ou quels pouvoirs puises-tu dans l’art vivant ?
Iris: J’y trouve un pouvoir magique de l’instant, de sa qualité. Je ne me sens bien que dans ce que je sens toujours en mouvement, en transformation. Comme l’idée que l’équilibre advientpar l’assemblage de micro mouvements perpétuels. Si c’était figé, rigide, ça ne tiendrait pas debout.
L’art vivant est aussi pour moi un terrain de jeu où assumer pleinement ma tendance à être une bordélique qui aime improviser avec ce qu’elle a trouvé en chemin avant d’en dégager le sens et pouvoir ensuite soulever les questions brûlantes qui m’animent. Une manière d’habiter le monde avec l’imaginaire pour ressource.
Maëva : Oui un terrain de jeu! Un lieu où l’on peut s’adonner aux tentatives, aux formes qui peuvent aller complètement à l’encontre de l’efficacité, de la productivité… Je l’apparente aussi un peu à une cabane. Une créature-abri où les rêves trouvent à s’incarner. C’est un endroit qui me vitalise beaucoup, qui m’offre une compréhension poétique des choses et me permet de rentrer en lien avec elles. Je m’y sens libre, safe d’explorer la fragilité, de prendre le temps de contempler, de ralentir… Ça permet de vivre des moments de réel empuissancement, et parfois même, peut-être, de parvenir à “éroder la pierre dans la tête des durcis” (“Les luttes fécondes” de Catherine Dorion).
Qu’est-ce qui t’inspire chez ta génération ?
Maëva : J’admire la badassité de celleux qui donnent naissance à des formes heureuses de résistance. Qui s’encouragent, se retrouvent autour de célébrations ou de rituels dans lesquels la transition est abordée avec joie. Une volonté aussi d’arborer au quotidien les couleurs de la tendresse et du consentement.
Iris: Une forme de détermination qui va de pair avec la conscience du désastre qui nous entoure.
Une façon de construire des îlots d’espoir où la joie et la colère coexistent et sont moteurs. C’est un peu comme savoir danser sur des tas de cailloux et des chemins accidentés. J’ai souvent l’image d’un feu qu’on allumerait à plusieurs mains dans la nuit.
Quel a été le point de départ de ce spectacle ?
Maëva: Iris et moi nous sommes rencontrées en 2024 au Nouveau Studio Théâtre, dans le cadre du stage PERFORMER d’Audrey Bodiguel. Peu de temps après, nous avons toutes les deux été invitées par Marie-Laure Crochant de La Réciproque pour performer à l’évènement “Aller vers le bleu”.
Iris : Sans même connaître la proposition de l’autre nous étions toutes les deux habillées et maquillées en monochrome, l’une bleue et l’autre rouge. Chacune engageait dans sa performance un texte poétique lu ou diffusé, et associait le geste de l’effeuillage à un souvenir dont elle souhaitait se défaire… Vu le nombre de correspondances qui existaient entre nos deux performances, ça nous a tout de suite donné envie de les associer, voire de les fusionner.
Maëva : Entre-temps, il y a eu les coupes budgétaires en Pays de la Loire. Donc lorsque j’ai été invitée par la Scroll Galerie pour y faire une carte blanche en avril 2025, nous nous sommes saisies de cette occasion pour nous serrer les coudes et explorer notre désir d’alliance artistique. Depuis, “Les eaux saillantes” se développe au fur et à mesure des
représentations.
-> Propos recueillis en août 2025
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- Festival FAUVES

Évènement terminé
Les eaux saillantes
Maëva Guillery + Iris Tlemsamani – Compagnie Îlomikado
Jeu. 09.10 – 22h15
C’est avant tout une rencontre, la fusion de deux performances rituelles mêlant poésie, danse et effeuillage. Un manifeste poético-politique pour faire parler la mémoire de la peau et raconter nos fragilités puissantes.
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