Né en Argentine en 1984, Federico Robledo a fait des écoles des beaux arts et de cirque, beaucoup de danse, de vidéo, d’animation, de musique. Aujourd’hui membre de la Société Protectrice de Petites Idées, il essaye de passer du temps sur scène, parce qu’il trouve du sens quand il travaille sur scène. Nous le retrouverons au TU à l’occasion du festival Fauves, avec son spectacle CHOU CHOU TÉNÈBRES.
J’ai grandi entouré de récits où la Terre plate, les anges, les ovnis, la Vierge, les reptiliens et Jésus cohabitaient en pleine harmonie. Ce mélange de croyances et de visions du monde m’a profondément marqué.
-Federico Robledo
Qu’est ce qui te donne de la force dans ton travail ?
Ce qui me donne de la force, c’est avant tout le rire des gens. Ça me fait sentir vivant. Ça m’aide à lâcher prise, à ne pas me prendre trop au sérieux dans la vie. Dans notre compagnie, l’absurde est toujours présent. Je crois que l’humanité est absurde, et j’aime bien la montrer comme ça, avec humour.
Quelle(s) force(s) ou quels pouvoirs puises-tu dans l’art vivant ?
Pour moi l’art vivant c’est un espace de liberté. Un endroit où je peux sortir des idées, des obsessions, des caprices de ma tête, pour les faire exister ailleurs que dans mon esprit. C’est un terrain de jeu où je m’autorise à dire et faire des choses que je ne pourrais pas forcément exprimer dans la vie quotidienne.
Je peux y être à la fois tendre et agressif, sans jugement moral. J’ai le droit d’explorer différentes facettes de l’humanité, avec toutes ses contradictions. Et ça, ça me soulage autant que ça m’excite. Ça nourrit mon imaginaire, ça me donne envie d’être plus joueur dans la vie, et ça me permet de désacraliser un peu l’existence humaine.
Qu’est-ce qui t’inspire chez ta génération ?
Peut-être le fait qu’on se permet de mélanger les formes artistiques sans se poser trop de questions. On casse de plus en plus les frontières entre les disciplines, et on a moins besoin de mettre des étiquettes sur ce qu’on fait.
J’ai été formé dans des écoles de cirque et de beaux-arts, où on touchait à plein de choses comme l’acrobatie, les installations, le théâtre, la danse, la peinture, le clown, la musique… Et sur scène, j’ai toujours eu l’impression que je pouvais utiliser tout ça, comme je le sentais, sans devoir me justifier. Ce qui comptait, c’était le désir de jouer, de chercher, d’être sincère. Pas de défendre une case ou une discipline en particulier.
Quel a été le point de départ de ce spectacle ?
Au départ, c’était simplement le besoin de me retrouver seul, de prendre un temps d’exploration sans objectif précis. J’avais envie de chercher dans le vide, d’essayer tout et n’importe quoi, sans me soucier du regard des autres, sans chercher à être validé par mes collègues ou mes ami·e·s. Un espace de liberté totale, où je pouvais laisser apparaître ce qui venait, sans filtre.
Et en parallèle, j’ai toujours été fasciné par l’imaginaire de certaines personnes qui vivent isolées, enfermées chez elles, et qui perçoivent le monde à travers la télé, YouTube ou les réseaux sociaux. J’ai grandi entouré de récits où la Terre plate, les anges, les ovnis, la Vierge, les reptiliens et Jésus cohabitaient en pleine harmonie. Ce mélange de croyances et de visions du monde m’a profondément marqué. Ce n’est pas quelque chose que je cherche à caricaturer, c’est un regard qui me touche et que je connais de près. C’est pour ça que dans ce spectacle, je ne cherche pas à parler de ces personnes-là, ni à les juger, mais plutôt à jouer avec leurs points de vue, à les incarner, à imaginer le monde à travers leur filtre. C’est cette tentative d’habiter d’autres réalités qui m’inspire particulièrement.
-> Propos recueillis en août 2025
À découvrir pendant Fauves…
- Festival FAUVES
CHOU CHOU TÉNÈBRES
Société Protectrice de Petites Idées
Mar. 07.10 – 19h30
Où est le réel ? Dehors. Et sûrement dans un sale état. Au milieu d’une installation électronique rétro-futuriste, Chou Chou se débat joyeusement contre l’obsolescence programmée de son espèce en proposant un concert loufoque et absurde.