Anthony Martine découvre le théâtre en 2014 avec Mara Bijeljac, comédienne de la Compagnie la Rumeur et intervenante au lycée Champlain de Chennevières dans lequel Anthony fait ses études. Après deux ans de Prépa Littéraire au Lycée Henri IV, il arrête ses études littéraires et intègre le Conservatoire du 13e arrondissement. Il entre ensuite au Conservatoire du 19 e arrondissement pour un enseignement axé sur la création. À l’occasion du festival Fauves, il présentera sa première création au TU: Quand on dort on n’a pas faim.
L’art vivant peut être révolutionnaire, il peut élargir des horizons, il peut lever des foules. Il n’est pas anodin que dans des régimes autoritaires ce soit le premier domaine qui soit visé.
-Anthony Martine
Qu’est ce qui te donne de la force dans ton travail ?
Les oeuvres d’artistes qui m’inspirent, cela va des livres aux films ou bien aux clips (je suis un enfant de Youtube) ; je suis très obsessionnel alors avant de me lancer dans mon travail je lis et relis et revisionne des oeuvres que j’ai déjà vues un million de fois, comme un rituel.
Quelle(s) force(s) ou quels pouvoirs puises-tu dans l’art vivant ?
Cela va être un peu radical mais l’art vivant, dans sa définition la plus large est ce qui me meut. C’est un métier ingrat, d’une difficulté rare; les coupes budgétaires drastiques n’arrangeant rien, mais ces coupes sont un indicateur. L’art vivant peut être révolutionnaire, il peut élargir des horizons, il peut lever des foules. Il n’est pas anodin que dans des régimes autoritaires ce soit le premier domaine qui soit visé. L’art vivant est honnêtement une des rares choses qui me donne encore espoir et notamment ce qu’en font les « jeunes générations », dont je fais partie je crois.
Qu’est-ce qui t’inspire chez ta génération ?
Notre capacité à créer, à rêver, à nous battre alors que tout s’écroule autour de nous. Je pense que nous avons une conscience très accrue de la finitude de ce monde, ce qui est souvent désespérant et accablant mais est aussi une pulsion de vie. Le temps nous est compté, tant de choses volent en éclats alors nous n’avons plus grand chose à perdre.
Quel a été le point de départ de ce spectacle ?
La volonté de laisser une trace. Une personne queer noire de classe moyenne en prépa littéraire à Henri IV , ce n’est pas tous les jours. J’avais aussi à coeur de dire mon histoire, de parler de toutes ses ramifications et ses complexités; là où nos existences en tant que personnes noires nous sont souvent encore volées, dénaturées , simplifiées ou héroïsées. Ecrire une histoire par soi pour soi.
-> Propos recueillis en août 2025
À découvrir pendant Fauves…
- Festival FAUVES
Quand on dort on n’a pas faim
Anthony Martine – Cie Le Cri
Mer. 15.10 – 21h00
Jeu. 16.10 – 21h00
Dans ce “conte médiéval afro queer”, Anthony Martine convoque les figures avec lesquelles il a grandi dans un cabaret qui entremêle danse, chant, maquillage live et archives personnelles. Une quête joyeuse et burlesque d’une nouvelle mythologie intime.