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sam. 11 au dim. 12 mars

Sciences et cinéma : la question des archives

IDÉAL
Films et rencontres
11 Mars • Samedi
12 Mars • Dimanche
Terminé
Le Cinématographe

Un cycle de films et de rencontres proposé par l’Institut d’Études Avancées (IEA) et le Cinématographe.

Comme l’an passé, le TU s'associe à l’IEA de Nantes et au Cinématographe lors du Festival IDEAL pour dresser des ponts entre les pratiques artistiques et les sciences. Nous avons choisi cette année une première approche de la complexité des rapports entre documents et arts, au sens où il ne s’agit jamais seulement pour un film documentaire ou une fiction s’appuyant sur des faits réels quelles qu’en soient les ambitions artistiques de produire de la documentation mais de déployer le faisceau d’un questionnement. Ce questionnement s’exprime à travers la collecte et l’assemblage de traces, d’archives, de vestiges, d’empreintes, d’objets trouvés, tout autant de témoins devenant agissant. Pour le dire autrement, nous avons voulu à travers le cinéma interroger ce travail qui consiste à faire du geste de documenter le lieu d’expériences rouvertes à une dimension collective qui porte à la fois à la connaissance et suscite de l’altérité sociale, culturelle, historique voire anthropologique. Un même document quelle que soit sa nature (photographique, architecturale, technique, immatériel, etc.) peut changer de signification et de fonction selon le contexte champ d’observation et de réception dans lequel il est placé. C’est dans la richesse de ces déplacements que chercheurs et artistes (dans le cas présent des cinéastes) trouvent ici à dialoguer dans le sens d’interférences non exclusives entre arts, documents, témoignages, analyses et récits. Ce programme de cinq films présentés en quatre séances vaut alors comme autant d’études de cas.

Sam. 11 mars • Avant-première

20H30 • À pas aveugles de Christophe Cognet | France | 2021 | 1h50 | documentaire | sortie nationale

Après le remarquable Parce que j’étais peintre (2013), méditation sur des œuvres dessinées ou peintes clandestinement dans les camps nazis de concentration et d’extermination, Christophe Cognet dédouble avec À pas aveugles le geste exploratoire des photographies clandestines prises par une poignée de déportés ouvert avec son livre "Éclats – Prises de vues clandestines des camps nazis" (Seuil, 2019). En devenant légataire de ces photographies parce que d’autres les ont prises au risque de leur vie, il recompose et interroge en cinéaste les traces laissées par ces hommes et femmes, forge un regard et les moyens d’exhumer les circonstances et les histoires de ces photographies. Pas à pas, le film compose ainsi une archéologie des images comme actes de sédition et puissance d’attestation.

Projection précédée d'une présentation et suivie d'un échange avec Christophe Cognet, réalisateur

Dim. 12 mars 3 séances chacune précédée d’une présentation et suivie d’un échange avec Jérôme Baron (co-président du Cinématographe et membre de la commission de programmation ) et 3 chercheuses de l’IEA (Institut d'Études Avancées)

14H • Gurumbé, Afro-andalusian memories de Miguel Angel Rosales | Espagne | 2016 | 1h12 | VOSTF |documentaire

Dans le sud de l'Europe, où aujourd'hui sont érigés des murs entre les frontières qui nous séparent de l’Afrique, on faisait jadis commerce des milliers d'hommes et de femmes africains condamnés à l'exil et réduits en esclavage. Gurumbé, Canciones de tu memoria negra raconte depuis les traces andalouses cette histoire pour interroger notre présent et nous rappeler que l'Afrique est bien dans ce que nous sommes aujourd'hui.

Précédé de Tellurian Drama de Riar Rizaldi | Indonésie | 2020 | 26 min | VOSTF

5 mai 1923. Le gouvernement des Indes orientales néerlandaises célèbre la création d’une nouvelle station de radio dans le Java occidental, appelée Radio Malabar. En mars 2020, une collectivité locale indonésienne projette de rouvrir la station en tant que site historique et attraction touristique. D’après un texte lui-même quasiment oublié de Munarwan, anthropologue et historien, spécialiste de la géo-ingénierie, le film questionne le rôle crucial de la montagne dans l’histoire du pays, l’utilisation des ruines coloniales dans des techniques de géo-ingénierie, ainsi que la puissance invisible des racines indigènes.

Projections précédées d'une présentation et suivie d'un échange avec Elia Nurvista, artiste multidisciplinaire indonésienne dont les travaux sont centrés sur la nourriture et le discours, et Mari Paz Balibrea Enriquez, historienne espagnole, praticienne des études culturelles spécialisée dans les études hispaniques et les études sur l’exil et la diaspora.

17H • Parler avec les morts de Taina Tervonen | France | 2020 | 1h07 | documentaire

Vingt-cinq ans après la guerre, un charnier est découvert au nord de la Bosnie. Darija Vujinovic sillonne le pays à la recherche des familles des disparus. Elle recueille leurs souvenirs et les quatre gouttes de sang nécessaires pour identifier les corps. Le film de Taina Tervonen suit les enquêtes au rythme dicté par l’extrême dignité de cette tâche technique et solennelle, qui est, du laboratoire au secret des familles, une entreprise littérale et obstinée de reconstruction.

Projection précédée d'une présentation et suivie d'un échange avec Renata Summa, brésilienne, spécialiste des relations internationales, dont les recherches portent actuellement sur les conséquences post-conflictuelles (déplacement et appartenance) dans la région des Balkans.

20H • Escapas de Gas de Bruno Salas | Chili | 2014 | 1h12 | VOSTF | documentaire

1972, sous la présidence d’Allende, dans un temps record de 275 jours, une énorme édifice sort de terre pour accueillir la Conférence internationale des Nations Unies. Trente quatre artistes y apportent leur contribution, intégrant leurs œuvres à la structure même du bâti- ment, dont le sculpteur Félix Maruenda qui construisit une cheminée qui servait à évacuer les gaz du grand réfectoire populaire. Mais après le coup d’état militaire du 11 septembre, ce qui était devenu un centre culturel fut transformé en symbole de la dictature, rebaptisé Diego Morales, et les œuvres furent détruites. Quarante ans après, cet monumental vestige architectural entame de renaître sous le nom de Centre Culturel Gabriela Mistral

Projection précédée d'une présentation et suivie d'un échange avec Sophie Halart, historienne de l’art dont les travaux portent la création artistique et les défis environnementaux dans le Chili contemporain.