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Interview à penser

Tanguy Malik Bordage

Questionnaire made in TU

Brève interview  : 10 questions existentielles pour 10 réponses spontanées à la rencontre de Tanguy Malik Bordage, metteur en scène.

Quel est votre premier souvenir de spectateur ?
Je ne sais plus. J’ai décidé de tout oublier.

Quelles étaient vos convictions quand vous avez commencé à travailler dans le milieu du spectacle ? Qu'est ce qui vous attirait ?
Aucune conviction. Je crois que j’ai vite aimé le mélange étrange entre la profondeur de la pensée et l’amusement, la régression. Des forces contraires, l’élévation et l’égo tiraillés dans la même discipline. Le chaud et le froid. Je me suis bien fait avoir parce que l’eau est finalement assez tiède.

Quand, pour la dernière fois, vous êtes vous lancé.e malgré la peur, parce que vous sentiez qu'il le fallait ?
Tous les jours. J’ai toujours peur d’exploser, de dire des choses trop virulentes, de déborder. Peur d’être trop. Trop ambitieux, trop mégalo, trop épique, trop viril, trop violent, trop romantique, trop absolu, trop potache… Alors je dois faire malgré cette peur. Je crois que je suis bien dressé en fait.

Comment l'époque intervient-t-elle dans votre travail artistique ? Quel rapport entretenez-vous au monde d'aujourd'hui ?
Heuuuu. C’est impossible de répondre à cette question en quelques lignes.

Pour paraphraser Bruno Latour, quelles activités n'avez vous pas repris ou n'avez-vous pas envie de reprendre depuis le confinement ?
Ce confinement n’a absolument rien changé.

Qu'est ce que transmettre pour vous ? A quelles conditions l'art peut être un endroit de partage ?
Je ne sais pas. L’art est toujours, sans condition, un endroit de partage.

Si demain on ne peut plus se rassembler dans une salle de spectacle, qu'est ce qu'il resterait de votre travail ?
Probablement rien. Des souvenirs. Mais comme je l’ai dit plus tôt, j’ai décidé de tout oublier. Donc rien. C’est pourquoi j’aimerais faire des films aussi, pour montrer mon travail à ma fille plus tard.

Pourquoi aller voir un spectacle aujourd'hui ? Les arts vivants sont-ils de "première nécessité" ?
Je ne sais pas. Un spectacle qui libère les énergies enfouies, un rite, une cérémonie de magie blanche, un acte transcendantal, mythologique, voilà le genre de spectacle qui me serait nécessaire. Mais la majorité de la production, tout ce qui est « politique » ou « sociétal » a peu d’intérêt à mes yeux. Je comprend que les spectateurs se lassent de cette bonne conscience subventionné…

Quel geste compte le plus pour vous ?
Keep your head up - 2Pac

Avec un T et U, quel slogan auriez-vous envie d'inscrire sur le mur d'un théâtre ?
Je prend trop cher pour votre budget en copyright.


Propos recueillis en juin 2020.