3 questions à Louis Arène
Interview
Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, le duo Lionel Lingelser et Louis Arene créent le Munstrum Théâtre, en Alsace, en 2012. Depuis près d’une dizaine d’années, ils fédèrent une bande d’acteurs, de créateurs et de techniciens autour d’une démarche esthétique ambitieuse. Un théâtre de légère anticipation, nocturne, drôle et insolite émerge de l’obscurité, du chaos. Le Munstrum Théâtre est associé à la Filature, scène nationale de Mulhouse ainsi qu’aux projets du Quai - CDN d’Angers Pays de la Loire et du Théâtre Public de Montreuil.
Quels imaginaires traversent ton spectacle Zypher Z ?
Le spectacle s’inspire des grands récits sur le mythe du Double (Docteur Jeckyll et Mister Hyde de Stevenson, Le Double de Dostoievsky…), les livres d’Orwell (1984, La Ferme des animaux) mais aussi de films de genre comme ceux de David Cronenberg ou Brazil de Terry Gilliam. Zypher Z est un conte kafkaïen, une comédie noire qui s’adresse autant aux sens qu’à l’esprit, en nous entraînant dans les arcanes d’une psyché tourmentée, à travers le temps et les mondes. Le spectacle nous plonge dans une société où les animaux ont pris le pouvoir sur une humanité égarée et affaiblie et où les robots sont les derniers garants de la poésie… Nous sommes donc assez clairement dans un univers de science-fiction.
Qu’est-ce qui te rend puissant ?
Le rituel théâtral et le pouvoir de connexion que crée la salle de spectacle. En stimulant nos imaginaires grâce au théâtre, nous devenons plus sensibles à l’autre, plus à l’écoute. Notre empathie nous rend perméables à ce qui n’est pas nous. Ainsi, nous grandissons des rêves et des peurs qui ne nous appartiennent pas de prime abord. Nous cultivons notre humanité en chérissant ce qui nous est inconnu, étranger, en apprivoisant nos craintes qui se révèlent souvent être des chimères.
Qu’est-ce que tu aimerais que les spectateur·ices emportent avec elleux après la représentation ?
Le spectacle est une dystopie cinglante mais non dénuée d’espoir. Nous souhaitons faire de la représentation une quête d’apaisement dans l’urgence d’une époque crépusculaire, une occasion de questionner notre rapport à l’autre, à l’étrange, notre relation au Sacré, à la Beauté et à la Mort. Et pourquoi pas stimuler chacun dans sa complexité, comme Zypher, notre personnage principal, qui, au cours de son parcours initiatique, s’entend dire « accueille le multiple en toi »…