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Interview à voir

3 questions à Anaïs Allais

Interview

Anaïs Allais Benbouali est actrice, metteuse en scène et la directrice artistique de la compagnie la Grange aux Belles. Formée au conservatoire de Nantes puis à l’Institut arts et diffusion de Belgique, elle a été artiste associée au Grand T à Nantes pendant 5 ans, et est actuellement artiste associée à la Comédie de Caen et autrice invitée au Théâtre de la Colline à Paris. Anaïs Allais est dramaturge pour d’autres artistes et mène des ateliers d’écriture et de mise en voix pour différents publics. 

Quels imaginaires traversent ton spectacle Quitte à être noyées ? 

J’ai écrit ce spectacle à côté de l’océan. Avec le bruit des vagues en toile de fond. Il est traversé par la mer, son ressac, son humidité salée. La mer comme lien ou frontière entre les terres et les êtres, lieu de départ ou d’arrivée. L’espoir d’un ailleurs possible, ou un cimetière. Ça appelle les récits… 

Qu’est-ce qui te rend puissante ? 

Celles et ceux qui ne sont plus là, le dialogue que j’essaie d’établir avec elles et eux, hors de toute rationalité. Je ne parle pas de séance de spiritisme ou de religions, mais d’une relation inventée sur mesure, pour et avec la personne absente… Le fait de me sentir « agie » par elle peut me donner la sensation d’une certaine puissance. C’est comme un jeu sérieux. Une relation secrète et invisible, un coquillage au fond de la poche, que personne ne voit mais que je peux saisir à tout moment. Qu’il y ait « quelque chose » après la mort ou pas n’est pas du tout une question qui m’intéresse. Ce qui m’intéresse c’est ce que l’on décide de faire avec la mort. Nos défunts n’existent encore qu’à condition d’inventer, d’imaginer une autre façon de vivre avec eux. Il peut y avoir de la joie là-dedans, de la puissance aussi. La sororité aussi, quand elle n’est pas qu’un concept, quand elle est réellement vécue et éprouvée peut me donner une sensation de puissance. Une envie de se dépasser pour un collectif. Mais ce n’est pas ma puissance, c’est une puissance dont je fais alors partie… 

Qu’est-ce que tu aimerais que les spectateur·ices emportent avec elleux après la représentation ? 

L’odeur des embruns. Un coquillage au fond de leur poche. L’impression que c’est pas que ça commence ou ça finit jamais, mais que ça commence et ça finit tout le temps.